Semaine 28 : Les joies cachées du deuxième trimestre

Voilà que le septième mois de cette grossesse s’est installé sans bruit, entre les réjouissances et les vœux d’une nouvelle année auréolée d’abondance. Le décompte a franchi la barre des cent jours, et la Vie dans mon ventre devient de plus en plus tangible, apparente, omniprésente !

J’ai eu beau me plonger dans nombre de bouquins sur la grossese et sillonner la Toile à la recherche des meilleurs articles sur le sujet, chaque journée ou presque apporte son lot de changements et de surprises, certaines demandant un solide sens de l’humour. Au-delà de toutes les considérations qui s’énumèrent en centimètres, en grammes ou en semaines d’aménorrhée, je vous offre un aperçu des comportements les plus déroutants de ce fascinant mammifère qu’est la Baleine d’Amérique au cours de son deuxième trimestre de grossesse.

Les crampes au mollet

Oh ! La douce joie de se réveiller en pleine nuit alors que nos orteils tentent résolument d’aller se plaquer contre nos talons… Les crampes au mollet sont très douloureuses, surtout pour l’Amoureux de la Baleine d’Amérique, dont les os des poignets sont broyés par la poigne de fer de sa bien-aimée hurlant comme un coyote.

Les rêves

La Baleine d’Amérique rêve. Beaucoup. Et ça n’a rien de très glamour. Plutôt le genre de scénario coté 7 dans le télé-horaire. La voilà en train de faire du radeau avec les scouts dans les forêts pétrifiées de l’Arizona. Puis d’acheter des pâtes de fruits artisanales et des baguettes françaises dans une église de banlieue, avant d’assister à un spectacle d’écureuils jonglant avec de la pâte dentifrice. Si bébé a accès à la vidéo, les nuits intra-utérines ne doivent décidément pas manquer de piquant.

Le « Mommy Brain »

Lors du deuxième trimestre de sa grossesse, la Baleine d’Amérique, animal normalement reconnu pour sa capacité à effectuer douze choses à la fois, devient subitement monotâche… et encore. Les hormones de grossesse semblent laisser le cerveau aussi troué qu’une passoire à spaghettis.

Les muffins flambent dans le four pendant que nous téléphonons à la pharmacie pour savoir s’ils ont retrouvé nos gants et notre foulard. Ciseaux, montre et chéquier se téléportent à qui mieux mieux dans les endroits les plus inusités de la maison. Quant à la voiture à retrouver dans le stationnement du supermarché, à vingt sous zéro…

L’Amoureux de la Baleine d’Amérique, monotâche de nature par son chromosome Y, s’en amuse beaucoup. Il se vante de surcroît d’être devenu multitâche. Ce qui, chez lui, consiste à être capable de trancher du pain sans se couper un doigt, tout en respirant et en digérant. Mais lui, au moins, n’est pas un danger public dans la cuisine.

L’expansion abdominale

Les rondeurs du ventre de la Baleine d’Amérique prennent, en fin de deuxième trimestre, des proportions dépassant toutes ses attentes. Dès lors, plusieurs activités quotidiennes deviennent des exploits. Après une semaine de contorsions, les jolis bottillons lacés sont expédiés au fond du placard pour être remplacés par d’inélégantes bottes de campagne qui s’enfilent en moins de deux. Se retourner dans le lit demande moults grognements et une gestion serrée des quatre oreillers maintenant indispensables au sommeil (ce qui laisse à l’Amoureux environ trente-deux centimètres carrés de matelas hors de la zone de combat). Quant à la pédicure-maison de nos orteils, ces petites bêtes qui commencent à disparaître de notre champ de vision ? À oublier, définitivement.

Se plaindre au téléphone de ces nouveaux handicaps auprès d’une amie - mère de plusieurs enfants - peut déclencher chez cette dernière un fou rire incontrôlable. La Baleine d’Amérique comprend alors que ses capacités d’expansion abdominale sont sans borne et qu’elle ne paie rien pour attendre lors du troisième trimestre.

…C’est à suivre !