Je
sais pas si on vous l’a dit, mais récemment, j’ai beaucoup grossi. Que
voulez-vous, j’ai que ça à faire. Ma Maman, elle est devenu énorme. Il y a des
bouts de ventre qui dépassent de tous ses vêtements, et son nombril, il
menace d’exploser, on dirait une marmotte qui veut sortir de son terrier. Ma
Maman, elle n’est plus capable d’enfiler son soulier gauche et puis le matin
elle joue à la tortue-échouée-sur-le-dos : ça consiste à se démener dans
les draps et les oreillers pendant quelques minutes, et puis finir par appeler
Papa à la rescousse. Lui, il trouve ça très drôle le jeu de la tortue, il aime
surtout imiter les petits grognements de Maman quand elle essaie de se relever,
mais il finit toujours par l’aider quand même.
Ce
qui a grossi le plus, c’est ma tête. Peut-être que je me suis trop pris pour
une star ces derniers jours, et j’ai enflé de la casquette. Papa il dit que
c’est parce que Maman me parle tout le temps, que j’ai un excès de synapses
dans le cerveau, ou quelque chose du genre. Enfin bon le problème, c’est que la
porte de sortie, en bas, elle est restée de la même grandeur.
Alors voilà. Maman elle doit prendre une grosse
décision. Peut-être celle de laisser le médecin dessiner une porte spécialement
pour moi, sur son ventre. Bien sûr, ça n’est pas l’idéal. Quand on est une
star, on croit que l’on va quitter la scène côté cour ou côté jardin, mais là,
on me propose de faire le grand saut… à travers le rideau ! C’est pas tout
à fait ce qu’on avait prévu à la répétition.
Papa il dit que la seule chose dont on peut être
sûr dans la vie, c’est que les choses ne se dérouleront pas exactement comme on
l’avait imaginé. Qu’il ne faut pas s’essouffler à deviner le scénario, mais
plutôt s’ouvrir à ce qui se présente. Alors côté cour, côté jardin ou à
travers le grand rideau de velours, ça m’ira. Parce que je sais qu’au bout de
la sortie il y a Maman, Papa et une histoire d’amour dans laquelle, peu importe
le scénario, je serai une star à ma façon.
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