Chers ministres, spécialistes et tous les autres istes-qui-veulent-mon-bien,
Oui, je suis enceinte. Oui, il y a une grippe
qui court et qui vous inquiète. Moi aussi bien sûr. Doublement avec cet
instinct de mère qui fait que je suis prête à mordre quiconque veut du mal à
mon petit bout d’homme. Mais mon état de future-maman ne me dépossède pas de
mon corps. Ce n’est pas parce que je suis enceinte que vous pouvez vous donner
le droit de penser à ma place!
Je veux bien croire que j’oublie mes clés cinq
fois par jour et que je met parfois le linge sale dans le tiroir à légumes du
frigo depuis que j'attend un enfant, je vous jure que j’ai encore toute ma tête.
J’aimerais beaucoup être capable d’ouvrir la
télé, le journal ou mon courriel sans me sentir comme au lendemain des attentats de 9/11, avec «terror in
America» placardé en grosses
lettres fluos partout. J’apprécierais de ne pas sentir que, si je choisis
l’option A, des milliers de petits Bin Laden menacent de s’emparer de mon
corps. Et que si je coche l’option B, la foudre de Zeus va s’abattre sur ma
tête et me paralyser. Dans les deux cas, le texte en petits caractères se lit
« culpabilité » et «peur»; à ce que je sache, ça ne
fait pas partie des suppléments recommandés dans les multivitamines de
grossesse. Un petit quelque chose me dit que ce ne sont pas tout à fait le
genre de pensées à envoyer à un petit coco en formation dont le mini-cerveau
est une éponge…
Je vous promet que j’ai méticuleusement fait
mes devoirs, et que je reste aux aguets des nouveautés sur le sujet.
Maintenant, est-ce qu’on peut souffler un peu ? L’Amoureux et moi devenons
très bons au Scrabble, mais de temps à autre, on aimerait bien pouvoir
tranquillement allumer la télé pour prendre le pouls de la planète qui, même si
vous ne l’aviez pas remarqué, continue de tourner.
Bises non-contagieuses,
Dame oiselle
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