vendredi 1 janvier 2010

Semaine 26 : Mon premier Noël (ou presque)

Depuis quelques jours, ma Maman ne tenait plus en place. Elle sautillait d’une pièce à l’autre en chantant des In excelcis dééééééééééo et des Falalalala à tue-tête avec la radio, et puis elle préparait des compotes pomme-cannelle et des pains à la fleur d’oranger en quantité industrielle. Papa a beau avoir un appétit incroyable – Maman elle dit un gouffre sans fond par une nuit sans lune – il est pas capable d’ingurgiter tout ça, c’est pas possible. Si j’ai bien compris, on appelle ça les préparatifs de Noël.

Papa, il a jamais été un grand fan des Fêtes. Il ronchonne que le Père Noël, c’est une invention de Coca-Cola et que tout ce magasinage, ça ne tient pas debout. Moi je crois qu’il est surtout jaloux parce que Maman elle trouve toujours tout en moins de deux et en rabais, tandis que lui doit l’appeler trois fois de l’épicerie pour demander dans quelle rangée se cache le dentifrice, et quand il revient au bout d’une heure et demie il doit y retourner tout de suite parce c’est pas la bonne marque et qu’il a oublié le fromage. Maman elle ne s’en fait pas trop, elle sait que la magie de Noël c’est contagieux quand on a des enfants, alors je ferai de mon mieux l’an prochain pour bien contaminer mon Papa.

Finalement, on s’est trimballé avec nos paquets, nos compotes et nos pains jusque chez mes deux oncles, le 24 et le 25, et puis dans la grande famille Lefebvre le 31. Il a fallu y aller mollo en voiture, parce que les longues balades ça donne des contractions à Maman. Les contractions, ce sont des trucs à mi-chemin entre les câlins et la prise de l’ours, c’est pas désagréable, mais il faudrait pas que ça joue trop sur les verrous de ma sortie. Moi ça m’inquiète pas : c’est clair que je n’ai pas l’intention de sortir d’ici pendant qu’on se les gèle à moins vingt-cinq dehors… Finalement, on s’est bien débrouillé. Papa est devenu expert pour contourner les nids-de-poule, après ça on est prêts pour tenter le rallye Paris-Dakkar.

J’ai beaucoup aimé le coup du Père Noël. Moi je veux bien y croire tant qu’on voudra si ça veut dire que chaque année il y aura un sapin rempli de lumières qui clignotent, que grand-maman Louise fera un gâteau aux ananas et que je pourrai jouer au basket-ball avec mon cousin Noah en trichant un peu. Et puis l’histoire du magasinage, c’est pas mal non plus ! J’ai déjà reçu un bas de noël qui contenait un canard qui fait de la musique quand on lui étire le cou, des bas antidérapants (ça doit être pour mes futures parties de basket) et un pyjama avec des oursons dessus. Maman elle pressait le pyjama bleu et les petits bas assortis contre son coeur en murmurant «ça devient réel...», alors je lui ai donné quelques bons coups de coudes dans les flancs pour lui confirmer ma réalité et surtout, pour approuver le choix des cadeaux.

Et je suis pas le seul. Fallait voir Noah faire des accidents spectaculaires dans le corridor avec son nouveau camion de pompiers. Et regarder Alexandre courir partout avec son bateau, joyeusement poursuivi par Félix qui chipait au passage des réglisses et des croustilles. Et entendre mes grands cousins Marc-Aurèle et Augustin parler de leur aquarium : il paraît qu’après avoir choisi un par un tous les poissons qui vont dedans en changeant beaucoup d’idée, le vendeur de l’animalerie a subitement retrouvé l’envie de retourner aux études...
Finalement c’est Maman qui a raison. Noël, c’est joyeux à cause des enfants. Et à cause des familles qui fabriquent et aiment ces enfants. Je crois que mon arrière-grand-papa Gérard, il a compris ça depuis belle lurette. C’est pour ça qu’il avait les yeux un peu mouillés après avoir chanté Le Petit Bonheur avec nous trente, la veille du jour de l’An. La magie de Noël, ça ne prend pas beaucoup de place. Ça peut même tenir dans une toute petite larme d’arrière-grand-papa, au beau milieu d’une famille qui fausse un peu et s’aime beaucoup.

2 commentaires:

  1. Toujours aussi touchant et joyeux tes envolées madame, magique je dirais cette fois-ci.

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  2. Allo Geneviève!
    Je viens de lire avec beaucoup d'émotions ton dernier texte. C'est tellement beau, tellement touchant comment tu relates ton expérience et tous les moments de vie.
    Je te souhaite vraiment de colliger toutes ces perles et de les faire relier afin de les offrir un jour à Louis-Gabriel.
    Merci de me permettre l'accès à la si profonde expérience ...je crois que tu vis cela ...« divinement»....
    Peut-être est-ce pour cela que bébé Louis portera également le nom d'un ange.
    Reine

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