Novembre 1975.
J’ai quatre ans et demi, et je sais lire. Mes parents m’ont offert un
magnifique livre sur les rouages de la reproduction humaine. Pas de cigognes,
de choux, de détours : tout y est, à grands coups d’illustrations, pop-up et autres gadgets de l’époque. On y trouve même une audacieuse page
« faites-le vous-même », où l’on tire délicatement un bébé de carton
d’entre des jambes d’une jeune mère tout sourire (dites, vous croyez qu’elle
avait reçu l’épidurale?), cordon ombilical en laine compris ! Bref, je suis
ferrée en la matière.
Seul hic.
Mon petit frère, lui, arrive en avion.
Comment ne pas croire au complot, à la
fumisterie !
Je raconte à mes copains d’école que
l’histoire du bébé qui sort du ventre des mamans, c’est de la frime… Moi, je
connais la Vérité. J’ai vu de mes yeux vu mon frère atterrir à l’aéroport de
Dorval, à bord d’un avion de Korean Air, bien emmailloté dans un sac de satin orangé, porté par
une dame affublée d’énormes lunettes brunes.
C’est 1 à 0 pour les cigognes.
Novembre 2009. Je
dîne chez mon frère et Noah, son fils de trois-ans-moins-des-poussières,
pianote sur mon ventre. Je lui explique qu’à l’intérieur y flotte son cousin,
encore tout petit.
-
Comme quand j’habitais dans le ventre de
ma maman.
-
Oui, exactement (ha ! deux ans
d’avance sur sa marraine pour comprendre la chose…)
-
Et il va devenir grand comme moi ?
-
Mais oui !
Une heure plus tard… Noah revient, deux
locomotives dans les mains.
-
Bon est-ce qu’il sort là ton bébé, je
suis tanné de jouer tout seul moi…
…plus que 115 dodos Noah, j’ai aussi hâte que
toi !
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